Si quelque chose est dit sur la nature, alors ce n'est déja plus la nature • Libre

Ces mots rettentissaient dans les oreilles de Romane. La jeune fille marchait à pas feutrés vers le Lac, son baladeur à la main. Il était quatres heures du matin, et le soleil commençait déja à se lever. Le lac était entouré d'une forêt d'arbres touffus et verdoyants. Arrivée de l'automne oblige, l'étendue verte avait laissé place à un champ aux couleurs rouge, jaune et orange. Àrrivée à la lisière de cette forêt, elle hésita. En jetant un regard autour d'elle, elle écouta la rumeur des champs alentours, le long cri d'un geai, quelque part dans les arbres. C'étaient là des bruits naturels qui ne l'inquiétèrent pas. Aussi pénétra-t-elle sous les chènes. La forêt sortait de la nuit avec une joie paisible. Les oiseaux s'ébrouaient avant de chanter le matin retrouvé.dans les taillis et sur les mousses en bas des arbres, tout un peuple de petis animaux se signalait par des frôlements, des herbes froissées, des basses branches un moment agitées qui se refermaient ensuite sur une queue blanche ou un pumage gris. romane ne partageait pas cette allégresse. Elle savait bien que si elle se faisait prendre, elle risquait de se faire renvoyée. Elle avançait, l'oreille aux aguets, le coeur battant de crainte, mais aussi d'excitation. Elle savait son chemin, elle venait ici tous les matins : la corne de bois à traverser et, de nouveau, la lisière avec une grande flaque d'eau dormante au creu de l'argile : le Lac. Là, s'élevait un pin qu'elle avait repérée deux jours auparavant. Toujours avec prudence, elle se rapprocha de l'arbre imposant, où, sur une branche presque accesible, se hissait un nid de pie. Romane, au pied de l'arbre, se dit que, de toute manière, elle n'avait rien à craindre. À part elle-même, rares devaient être les personnes à se promener près du point d'eau à cette heure ci. C'est donc rassurée qu'elle s'assit sur la mousse joncelant au pied du pin. Elle sortit de son sac un petit carnet à spirales. C'est en l'ouvrant qu'on pouvait découvrir quelques centaines de dessins, tous représentants la même chose : un écureuil. Banal, me direz-vous. He bien, pour Romane, cet écureuil signifait beaucoup de choses. C'est ici-même que la jeune femme et l'animal s'étaient rencontrés, le lendemain de la rentrée. Elle se mit à l'aise et commença à dessiner, toujours la même chose. Des bruits de pas se firent retentir, suivit d'un cri. D'homme ou de femme, Romane ne savait pas. Elle réagit vite et se leva, son carnet tombant au sol.