Casey Mitchell •• so, what ?

Parce que la famille compte plus que tout...
Je suis née d'une famille, pas tout à fait ordinaire. Mon père en tant que fils ainé d'une bonne famille Américaine, entreprit des études d'avocat qu'il accomplit avec succès. Droit, sérieux, j'avoue que en tant qu'enfant il avait tendance à me ficher la frousse plus qu'autre chose. Son rire grave me faisait frémir, ses grands yeux bleus me fascinaient. Malgré tout, je me suis toujours demandée, comme il avait pu conquérir ma mère. Ma mère... Tout le contraire ! Artiste, elle entreposait ses tableaux dans un musée d'art moderne. On peut dire que je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi cultivé qu'elle, pour parler de littérature. C'était le genre de femme qui ne pouvait jamais rester en place, qui a d'ailleurs fait le tour du monde durant 2 ans, avant de retourner à la véritable « civilisation » en s'installant en Californie. Mes parents se sont rencontrés à une soirée, et ont eut le coup de foudre. Ils se complétaient tous les deux, filaient le parfait amour. Trois ans plus tard, mon frère et ma soeur naissaient. Des faux jumeaux, Geoffrey et Lullah . Extra ! Deux années s'écoulèrent avant que je ne vienne au monde. Vu comme ça, mon histoire ressemble drôlement à un comte de fée. Ce que la vie m'a apprit, c'est qu'il ne faut jamais se fier aux apparences...

La première défaite
Retour en arrière -28 Février 2003- 13 ans
« Approchez, tous ! »
Cette voix, je ne la connais que trop bien. Elle vient d'Alfred, un des trois juges qui sont affalés dans leur fauteuil rouge, un bloc note à la main. Où suis-je ? Dans le théâtre de mon collège. Ce que je fais ? Me voilà, attendant le verdict de ses trois messieurs. Je viens de passer ma première audition pour le rôle principal féminin du spectacle de fin d'année. On joue une pièce très connue « Roméo et Juliette ». Un classique, donc. Et moi, qui achève ma première année de théâtre, je suis quasiment certaine d'avoir le rôle. D'abord, parce que je suis super-mignonne. Je n'ai rien, mais alors rien à voir avec ces autres filles. Elles n'ont pas la même classe que moi, c'est certain ! Surtout cette Ginny, cette fille à papa. Faut dire qu'elle est pas mauvaise en théâtre, elle aussi. Mais bon, avec ses dents de lapin, elle n'a que très peu de chances. De plus, en tant que jeune comédienne, je suis également la meilleure. Mes professeurs pourront vous le dire : Je suis réservée à un avenir très prometteur. « Cette petite a touuuuut les atouuuts nécessairrres pour réussir. » Et puis, il se trouve qu'un des juges soit mon professeur d'art dramatique. Il m'aime bien, je le sens. Le clin d'oeil qu'il m'a fait à la fin de ma représentation, ça voulait tout dire ! Les autres n'ont aucune chance, je vous dis. Et, même si l'expression de mon professeur est devenue blême lors des délibérations, je garde confiance en moi. Allez, on souffle... On expire. Fffffiiiou...
« Eh bien, nous avons longtemps délibéré, parce que le choix n'a pas été des plus simples... »
Ils disent ça juste pour ne pas faire de la peine aux autres.
« Et par conséquent... Nous avons trouvé que Ginny Draway était au dessus des autres. Félicitations à la nouvelle Juliette ! »
Sous le flot des applaudissements, une boule se forme au creux de mon estomac. QUOI ? C'est quoi ces conneries ? C'est im-po-ssible. Ils se sont trompés, obligatoirement ! Doucement, je sens des larmes me monter aux yeux... Non, je vais pas me mettre à chialer... Difficilement, je ravale mes larmes et je serre le poing. Je regarde Ginny sourire comme un âne et sauter partout sur la scène. Je suis tellement hypnotisée par cette peste, que je n'aperçois même pas l'homme qui tend discrètement une liasse de billets à Alfred, un des juges. Mon propre père...

Quand la vie n'est pas un long fleuve tranquille...
Retour en arrière -18 Juin 2006- 16 ans
« On arrive quand ? »
« Chérie, je t'ai déjà dit que l'aéroport est à 1h30 d'ici. Nigel t'accompagneras jusqu'à l'embarquement. On te téléphonera dès que tu arriveras chez ta grand-mère, en France. »
« Mais je ne suis plus une enfant, je peux très bien me garder ici toute seule ! »
« Tu veux rester 2 mois toute seule alors que tu ne sais rien faire à part les boutiques ? »
« C'est faux. Et puis d'abord, ya Lullah et Geoffroy. »
« Tu sais bien qu'ils ne reviennent que le week-end. C'est ça, l'université ! »
« Franchement, vous êtes pas sympa. Mamie, j'ai beau comprendre le français, je pige que dalle à ce qu'elle raconte. Je sais très bien que si vous m'envoyez là-bas, c'est parce que vous avez des problèmes, tous les deux. »
« Voyons, parle autrement jeune fille ! De toute manière, tu n'as même pas ton mot à dire. Et ces histoires ne te regardent pas. »
« Comme pour mon envie de faire du théâtre plus tard. Ah, maman est d'accord ouais, mais toi papa, à part vouloir que je fasse du droit, tu sais pas grand-chose de moi ! Non en fait, tu es bon qu'à vouloir me commander. »
« Stop, mon coeur ! On arrive. Dis, on t'avais dit que Mamie habitait maintenant à Paris et qu'elle avait une pleine vue sur la Tour Eiffel ? Tu te rends compte, tu vas pouvoir refaire entièrement ta garde robe ! »

Ce dialogue met en évidence ma situation. A la maison, j'étais seule, mes deux ainés prenant leurs pieds à l'université. Bien que j'avais une relation privilégiée avec ma mère qui me soutenait à 100% dans mon projet de vouloir faire du cinéma et devenir comédienne irritait mon père. C'est vrai qu'avec ma mère, je suis plutôt comme les deux doigts de la main. D'ailleurs, je lui ressemble beaucoup physiquement : Même cheveux blonds, même yeux foncés, même taille (1m66), même expressions lorsque l'ont est énervées, heureuses, même teint légèrement bronzé, même nez en trompette, même gout pour la mode, bref, la liste pourrait encore être très longue. Mes parents eux, n'arrêtaient pas de se chamailler. La fierté de mon père agaçait ma mère, la soit-disant mauvaise éducation que ma mère me donnait énervait mon père etc... Et pourtant, ils savaient qu'ils ne pouvaient pas vivre l'un sans l'autre. Mais répercuter leurs histoires sur moi, leur fille adorée ! C'était irresponsable de leur part. Quand ils remarquaient que je souffrais, j'avais le droit à une nouvelle carte de crédit. Faut dire que il y avait pire comme situation et le fait d'être d'une bonne famille, de pouvoir ne jurer que par des grandes marques, ça fait son petit effet. Surtout au lycée, je dois dire. J'ai toujours été hyper sociable, même si j'ai mon caractère. C'est certain que quand je gueule, je gueule ! Je ne me laisse pas marcher sur les pieds, et c'est peut-être ça qui m'a donné de la popularité. Ça ou... mon argent. Ou aussi, les filles que je fréquentais. Que je fréquente toujours d'ailleurs ! Comme celle qui est aujourd'hui ma Bff, Juliette. Au niveau de mes résultats, je dois dire encore une fois que je suis assez intelligente. Eh ouais ! Pourtant, je ne cherche pas particulièrement à le montrer. L'image de la blonde riche qui ne pense qu'aux garçons, ça a un avantage. Mais parfois, j'aimerai qu'on me prenne un peu plus que pour une fille qui ne pense qu'aux fêtes. C'est en montant sur les planches que je peux m'évader, me libérer.

J'ouvre ou pas ?